C’est unique en France. Nulle part ailleurs, une Chambre de commerce et d’industrie n’aura construit et géré deux ponts (Tancarville et Normandie) aussi essentiels au développement économique de son territoire.

Après le pont de Tancarville qui offrait aux Havrais un accès direct à la capitale, l’idée d’un deuxième pont reliant Honfleur, Deauville et Caen, s’est imposée dès 1972. En effet, on assistait à un accroissement rapide du trafic routier et il devenait nécessaire d’améliorer la desserte du Nord-Ouest vers la Basse-Normandie, la Bretagne et plus largement, le Sud-Ouest et l’Espagne.

Pour Vianney de Chalus, Président de la CCI du Havre à cette période, « Désenclaver et développer l’estuaire de la Seine sont les deux raisons pour lesquelles les chefs d’entreprises, élus de la CCI, ont pris la décision dans les années 90 de s’engager dans ce projet majeur d’aménagement du territoire. Sans cette prise de risque, les ponts n’existeraient pas et sans doute, la face de la Normandie en eut-elle été autre ! »

Après celui de Tancarville, le pont de Normandie illustre l’audace et la ténacité dont ont su faire preuve les élus de la CCI en œuvrant pour le désenclavement de la ville et la construction de l’Estuaire. Car il a fallu convaincre les décideurs et les populations concernées, trouver les financements et réunir les compétences. La persévérance des présidents de la CCI leur a permis d’obtenir la concession et le soutien des responsables politiques de la région et de recueillir les garanties des assemblées régionales et départementales (Haute Normandie, Seine Maritime, Calvados et Eure). Enfin, l’engagement des collectivités locales a convaincu les banques d’accorder les financements nécessaires. La volonté de l’État de lancer un programme de grands travaux a été la dernière pierre qui manquait à l’édifice pour que les travaux puissent démarrer. L’État soutient le projet en accordant à la CCI, la concession du Pont de Normandie, adossée à celle du Pont de Tancarville, jusqu’en 2026. La Grande Normandie se profile…

Inauguré officiellement le 20 janvier 1995 par le Premier Ministre Édouard Balladur et mis en service le 26 janvier, le pont de Normandie est aussi une véritable prouesse technologique : 2141,25 m de longueur, des pylônes de 214 m de hauteur, 23,60 m de largeur, 7 ans de travaux… et 10 millions d’heures de travail !

Spectaculaire illustration de l’estuarité

Véritable défi technologique pour l’époque, le pont de Normandie incarne le savoir-faire du génie-civil français. C’est aussi l’engagement d’un territoire, dans une démarche d’innovation forte : la conception du pont à haubans le plus long jamais construit, pulvérisant alors le record mondial de ce type d’ouvrage moderne dit ‘’auto-équilibré”.

Un système de péage est mis en place (principe de l’utilisateur payeur) au passage du Pont afin d’en assurer l’entretien et constituer le fonds de réserve imposé par l’État dans le cadre de la concession. En 2020, cela fait maintenant 25 ans que le Pont de Normandie œuvre au rapprochement des deux Normandie, au désenclavement du second port français, et contribue progressivement à concrétiser l’Estuaire.

Les grandes étapes de la naissance du projet :

  • En 1972, le succès du Pont de Tancarville permet aux Havrais un accès direct à la capitale mais n’autorise pas une bonne liaison du Havre vers la côte ouest, Honfleur, Deauville, Caen…
  • La CCI, forte de cette expérience acquise, monte le projet ambitieux de construire un nouveau franchissement en aval de Tancarville, dans l’Estuaire de la Seine : le futur Pont de Normandie.
  • En 1975, l’idée du premier projet est établie par le Ministère de l’équipement et sa réalisation fait alors l’objet d’une nouvelle étude. Plus qu’un doublement du Pont de Tancarville arrivant à saturation, ce projet est la possibilité d’ouvrir l’Estuaire vers d’autres directions, de faire jouer la complémentarité des deux rives de la Seine et d’améliorer la desserte du Port du Havre.
  • En 1979, naissance du projet du « Pont de Honfleur » : après de longues années d’études socio-économiques et techniques, un projet voit enfin le jour, qui tient compte de l’environnement maritime du site, exposé fortement aux vents et marées.
  • Le 15 septembre 1986, le Ministre de l’Équipement donne son accord de principe à la construction, sans apport budgétaire, si le financement peut être garanti par les collectivités.
  • Dès lors, début 1987, le Conseil Régional de Haute Normandie, les Conseils Généraux de la Seine-Maritime, du Calvados et de l’Eure, votent à l’unanimité les garanties du projet.
  • L’année 1986 est mise également à profit pour étudier la conception d’un pont à haubans plus long, éliminant la création de l’île artificielle au milieu de la Seine, préjudiciable à son équilibre hydraulique. Les services de l’Équipement, aidés par des experts internationaux consultés, concluent à la faisabilité d’un pont à haubans de 856 m de portée centrale, pulvérisant le record mondial de ce type d’ouvrage moderne (à l’époque détenu par le Pont Alex Fraser au Canada d’une portée de 465 mètres). Le projet du Pont de Normandie devient réalisable.
  • 1987/1988 : Les premiers appels d’offres sont lancés
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